Il a fallu 25 attendre longues années pour que soit honoré Peter Tosh par le gouvernement jamaïcain. L’ancien collaborateur de Bob Marley, membre fondateur des Wailers avec Bob Marley et Bunny Wailer même s’il a quitté la formation en 1973, a reçu à titre posthume l’Ordre du mérite de la Jamaïque pour sa contribution à la musique, ce qui n’à pas laissée peu fière sa fille Niambe, venue représenter son père. Réputé pour son franc-parler, Tosh dénonçait entre autres l’apartheid, et militait pour la légalisation de la marijuana. Il a été tué en 1987 par des cambrioleurs, Tosh avait 42 ans
Né à Church Lincoln (Westmorland) en Jamaïque le 9 octobre 1944, Winston Hubert Macintosh dit Peter Tosh n’a pas connu son père. Sa mère (Alvera Coke) pauvre adolescente ne pouvant l’élever le confie à une tante dans la ville côtière de Savana La Mar. Personne dans sa famille n’avait les moyens de lui assurer une éducation décente mais il était très déterminé et talentueux.
Jeune adolescent, Peter s’installe à Denhamtown l’un des quartiers chauds de Kingston. Il partage son temps entre la rue, l’école et la chapelle du quartier. Dans la rue, il vit de petits « business ». Tosh n’a pas beaucoup souffert du « milieu » car son arrogance et sa grande taille le mettaient à l’abri des surprises désagréables. Il était respecté par ses pairs. Bien sûr il eut quelques démêlés avec la police pour détention de ganja, violence et surtout pour ses idées politico-philosophiques. La crise économique des années 60 rend la vie insupportable aux jeunes du ghetto. La drogue et la misère participent à l’explosion de la criminalité et les brutalités policières n’arrangeaient pas du tout les choses. La tension était permanente dans les quartiers pauvres de Kingston. Le déclin de l’agriculture jamaïcaine amplifie l’exode rural et l’explosion démographique dans les ghettos. Tout naturellement Peter cherchait une issue à sa situation. Il dit avoir vécu et vu des choses horribles à Trenchtowm.
Il fréquentait épisodiquement la paroisse mais pas pour le catéchisme ni pour écouter les « bonnes paroles » du pasteur (pourtant il était très croyant) mais pour avoir accès à la guitare que le pasteur lui confiait de temps en temps. Très vite, ses dons pour cet instrument furent remarqués. Il était aussi un bon pianiste très tôt. Ce surdoué se mit aussi à la chanson en intégrant la chorale. Mais Peter s’ennuie très rapidement car les répétitions de chants spirituels laissaient peu de place à des improvisations et à l’éclosion d’un talent personnel. Et surtout ses idées révolutionnaires dérangeaient les gardiens de l’ordre moral et politique. L’église officielle et la police ne voyaient pas d’un bon œil l’avènement de ce mouvement qu’est le rastafarisme. Peter Tosh n’avait-il pas demandé publiquement la légalisation de la marijuana ? Peter chantait dans la rue contre quelques shillings. Il dénonçait la manipulation mentale de l’église qui encourageait la diabolisation et la marginalisation des rasta du ghetto…